LES ACCORDS MUSICAUX


INTRODUCTION
Ces pages sont en partie liées à ce que l’on trouve dans les « Gammes musicales ». Un renvoi est d’ailleurs fait vers l’annexe « Harmoniques ».
Nous présentons ici deux techniques de construction des accords de trois, quatre et cinq notes. La première, classique, utilise les degrés des notes de la gamme. Nous verrons que cette approche et le vocabulaire utilisé pour la décrire comportent des incohérences. La seconde est basée sur une succession de tierces majeures ou mineures. Cette combinatoire des deux types de tierces permet de retrouver de façon cohérente et systématique quasiment tous les accords construits avec les degrés. Seuls les rares accords de 2nde et 4ème suspendus ne rentrent pas dans ce cadre.
Définition
Un accord est un ensemble d’au moins trois notes jouées simultanément.
Un accord est défini généralement par une note fondamentale et par le degré des notes qui composent cet accord (voir ci-dessous le paragraphe « Le poids de l’histoire »).
Dans ce fichier, nous proposons également de décrire un accord en indiquant les intervalles entre deux notes successives au lieu d’utiliser le degré de chaque note par rapport à la fondamentale.
Accord et intervalles
Si l’on joue un accord avec des notes choisies au hasard, il est probable que le résultat ne sera pas très agréable à l’oreille.
On explique dans « Harmoniques » (annexe dans « Gammes musicales ») les raisons physiques qui font qu’un intervalle est harmonieux.
On peut admettre qu’un accord utilisant des notes espacées d’un intervalle harmonieux est harmonieux, mais ceci est relativement subjectif.
En raisonnant sur les rapports de fréquence, nous définissons dans « Harmoniques », les intervalles d’octave, de quinte, quarte, tierce majeure et tierce mineure.
Intervalle | Octave | Quinte | Quarte | Tierce majeure | Tierce mineure |
Rapport des fréquences | 2 | 3/2 | 4/3 | 5/4 | 6/5 |
Écart en Tons | 6 | 3,5098 | 2,4902 | 1,9316 | 1,5782 |
On a vu dans « Gammes musicales » les problèmes posés par la justesse des quintes et des tierces dans les différentes gammes. Dans ce chapitre on raisonnera uniquement avec la gamme tempérée dans laquelle les intervalles sont les suivants (on utilise le demi-Ton pour manipuler des nombres entiers).
Intervalle | Octave | Quinte | Quarte | Tierce majeure | Tierce mineure |
Écart en demi-Tons | 12 | 7 | 5 | 4 | 3 |
Dans les deux tableaux, la suite d’une quinte et d’une quarte est toujours une octave :
Pour les fréquences, on multiplie : 3/2 x 4/3 = 2.
Pour les écarts, on ajoute : 3,5098+2,4902 = 6 Tons et 7 + 5 = 12 demi-Tons = 1 Octave.
La suite d’une tierce majeure et d’une tierce mineure vaut :
Pour les fréquences, une quinte : 5/4 x 6/5 = 3/2.
Pour les écarts, 1,9316 + 1,5782 = 3,5098 Tons (une quinte juste), alors que 4 + 3 = 7 demi-Tons (quinte tempérée).
Pour les écarts de la gamme tempérée, trois tierces majeures ou quatre tierces mineures valent une octave (3 x 4 = 4 x 3 = 12 demi-Tons).
Cette relation est seulement approximative pour les fréquences :
Le poids de l’histoire
La dénomination classique des accords est basée sur les degrés correspondant à chaque note de la gamme diatonique. Malheureusement, cette dénomination comporte quelques incohérences.
Rappelons tout d’abord la définition des degrés de la gamme de Do majeur.
Note | Do | Ré | Mi | Fa | Sol | La | Si | Do | Ré |
Degré | I | II | III | IV | V | VI | VII | VIII | IX |
Ces degrés nous permettent de comprendre le vocabulaire utilisé pour désigner les intervalles.
La tierce (sous-entendue majeure) est l’intervalle entre le Do (degré I) et le Mi (degré III), la quarte entre le degré I et le degré IV et la quinte entre le degré I et le degré V. Ça semble logique et rationnel. Mais ça ne l’est pas du tout si on assimile les intervalles à une différence de degré. Dans ce cas, la logique s’écroule.
La tierce mineure est le degré III d’une gamme mineure. Par exemple, dans la gamme de La mineur, le Do est le degré III du La (degré I). Bizarrement, le degré III d’une gamme mineure est plus petit d’un demi-Ton que le degré III d’une gamme majeure !
Si on raisonne sur la hauteur des intervalles, l’incohérence linguistique est totale puisque la tierce vaut 4 demi-Tons, la quarte, 5 et la quinte , 7 ! Par bonheur la tierce mineure vaut 3 demi-Tons !
Un certain nombre d’accords utilisent des notes intermédiaires : la quinte diminuée (6 demi-Tons) et la quinte augmentée (8 demi-Tons). Une certaine logique se greffe sur l’incohérence.
Les choses s’aggravent cependant avec les intervalles de septième.
Le septième degré (11 demi-Tons) est rare dans les accords ; il est appelé septième majeure et noté 7M.
Le septième degré diminué (10 demi-Tons), beaucoup plus fréquent, est appelé septième de dominante et noté 7. Mais comme il est fréquent, on l’appelle volontiers septième (tout court). Bonjour la confusion !
Et, cerise sur le gâteau, la sixième (9 demi-Tons) est parfois considérée comme une septième diminuée alors qu’il s’agit, en fait, d’une septième de dominante diminuée.
On remarque en passant que les chiffres romains utilisés pour désigner les degrés, sont devenus des chiffres arabes pour baptiser les intervalles intervenant dans les accords.
La dénomination et l’abréviation des accords sont évidemment basées sur ce vocabulaire illogique. Par exemple, l’accord de « Do septième majeure quinte diminuée » est un accord de 4 notes contenant la fondamentale ou la tonique, le Do, qui donne son nom à l’accord ; ensuite, le reste est un peu dans le désordre. La septième majeure du Do est le Si et la quinte diminuée est le Sol♭. Mais où est la quatrième note ? « Tout le monde sait » qu’il s’agit du Mi♭ puisque qu’un accord de quinte diminuée est obligatoirement mineur pour éviter l’intervalle de seconde (1 Ton) entre le Mi et le Sol♭ ! ! !
Comment voulez-vous construire une pédagogie logique et efficace devant une telle somme d’incohérences ?
Mais en pratique, tout cela n’a pas une grande importance. En effet, si cet accord est écrit sur une portée, il n’y a qu’à jouer les notes indiquées sans se poser de question sur le nom de l’accord. Et si on est guitariste, il suffit d’apprendre bêtement la position des doigts (la tablature) associée au Do 7M 5- indiqué sur la partition.
Pour terminer cette introduction, disons que les accords (non arpégés) ne peuvent être joués que par les instruments à clavier (piano, clavecin, orgue…), les instruments à frètes (guitare, banjo…), les instruments de la famille des harpes ou par une orchestre tout entier.